vendredi 6 mai 2011

Hijab: Mode d'emploi

L'hijab, un simple morceau de tissu qui a fait couler beaucoup d'encre...
Aussi appelé voile islamique, l’hijab est ce voile que les musulmanes se placent sur la tête en laissant le visage apparent. Il peut se porter seul, mais peut aussi être associé selon les pays à une parda, robe longue et large.


Les mouvements fondamentalistes en ont fait une clé de leur enseignement religieux, mais le hijab n’est pas obligatoire à la pratique du culte.Sa présence diffère également selon les pays.
Son apparition s’est faite dans les années 90 dans le golfe Arabique; la tendance a ensuite migré vers l’Inde et l’Afrique du Sud, suivant les mouvements des nombreux immigrés qui travaillaient dans le Golfe.
Shamsad Hussein, professeur à l'université Kaladi Sanskrit de Tirur et auteur d'un livre sur les femmes musulmanes du Kerala, retrace son usage :
«Jusque dans les années 30, seules les grandes familles descendantes du prophète Mahomet obligeaient leurs filles à s'en vêtir. Puis, dans les années 60, même cette exigence a disparu. »
À leur retour du Golfe, les femmes ont aimé la nouveauté et le confort qu’apportait le hijab.
«Le tissu fin et les modèles bien coupés plaisaient beaucoup à leurs femmes. »

Dans le sud de l’Inde, le développement du hijab s’est fait progressivement et loin des pratiques rigoristes des mouvements islamistes. Selon Shamsad Hussein, « Il faut plus voir cela comme une mode. Beaucoup de femmes portent une parda un jour, et un sari le lendemain ! »
Loin des idées préconçues, l’hijab a  donc profondément changé au fil des années. Il est devenu un accessoire de mode, qui se décline au gré des saisons dans de multiples couleurs et tissus, et que l’on accorde au reste de sa tenue.

En Afrique du nord, le hijab est régulièrement associé à des jupes  ou des pantalons près du corps, comme un signe que religion et modernité peuvent vivre ensemble.
« En tant que fille voilée, le port de ces vêtements me donne de plus en plus confiance en moi. Je me sens jeune, épanouie et dynamique. Je vis mon âge en réconciliation avec mes convictions», indique Madiha, étudiante
Une fantaisie et une modernité qui permettent aux femmes de vivre leur religion tout en suivant les tendances.

L’heure est aussi à la tolérance sur le web, en témoigne ce site :www.hijabandthecity.com.
Crée en 2008 par 2 jeunes femmes, Khadija et Mariame, «hijab and the city» a pour objectif de « s’intéresser aux femmes françaises de culture musulmane jusque-là ignorées par la presse et la blogosphère féminine». Le but est donc d’éviter les discours «stigmatisés et aseptisés» et d’ouvrir le dialogue. Entre beauté, cuisine, mariage, mode et psychologie, ce webzine ressemble à n’importe quel magazine féminin, le ton est léger, on parle de tout sans tabou et sans polémique.
Un espace qui dans la situation actuelle sonne comme un message d’espoir et de tolérance.

Et c’est justement dans ce contexte qu’il est intéressant de connaître l’opinion des femmes musulmanes sur la nouvelle loi sur le voile intégral. Depuis l’entrée en vigueur de la loi le 11 avril, 28 verbalisations ont eu lieu.
L’express.fr est allé interroger 2 femmes, Samira et Leïla, des mères de famille d'origine maghrébine, qui vivent en France depuis une vingtaine d'années.
Pour Samira, cette interdiction est justifiée, notamment pour des raisons sécuritaires: "Comment identifier une personne qui n'a pas le visage découvert?". Elle émet toutefois des réserves sur son interdiction dans la rue "Ca ne devrait déranger personne dans la rue, explique-t-elle, car la France permet aux femmes de s'habiller comme elles le souhaitent."
Pour Leila, cette loi crée un nouveau problème de visibilité de la religion musulmane après "la loi de l'interdiction du hijab dans les écoles, l'affaire des minarets, et maintenant le niqab". Cette loi supplémentaire risque de mettre mal à l'aise les musulmans, affirme- t-elle, la pratique de notre religion s'opère dans un cadre de plus en plus étroit."
Mais toutes deux relativisent, et pensent qu'on accorde trop d'importance à un vêtement qu'elles considèrent comme "secondaire pour les musulmanes".

Des témoignages qui prouvent une fois encore que le problème n’est pas dans le vêtement mais dans les mentalités. Qui a dit que la religion ne pouvait pas être tendance ?



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